Les enseignants de la province éducationnelle Maï-Ndombe 3, regroupant les territoires d’Oshwe et de Kutu, traversent une période de crise financière qui perturbe significativement leur quotidien et leur mission pédagogique. Depuis deux mois, ces enseignants ne perçoivent plus leurs salaires. Une situation dénoncée avec force par le président de leur intersyndicale, Giscard Mbukela, lors d’un entretien accordé à Radio Okapi.
Ces professionnels de l’éducation, dépendant de la Caritas pour leur rémunération, n’ont pas pu célébrer le Nouvel An faute de moyens, transformant, comme l’indique Giscard Mbukela, cette période festive en un véritable « deuil ». La Caritas, responsable de leur paie, affirme attendre les fonds promis par le gouvernement congolais. Une explication insuffisante face à la souffrance des enseignants qui, depuis cinq ans, subissent des paiements irréguliers et des retards constants, plongeant de nombreuses familles dans le désarroi.
« Il n’y a pas eu de fête, juste de la méditation », a souligné Giscard Mbukela. La conséquence directe ? Une détérioration de la qualité et de la gratuité de l’enseignement primaire, socle de l’avenir éducatif en République démocratique du Congo. Les mouvements de grève deviennent fréquents, affaiblissant davantage un système éducatif fragilisé.
Le président de l’intersyndicale s’inquiète des répercussions sur les élèves. Entre incertitudes financières et grèves périodiques, la continuité pédagogique est compromise. Il est clair pour Giscard Mbukela que l’Etat congolais doit intervenir de manière décisive. Il appelle à une révision urgente du mode de paiement des enseignants. Son plaidoyer ? Délocaliser la paie des enseignants vers une banque payeuse plus fiable, écartant ainsi la Caritas de cette responsabilité essentielle.
Pendant ce temps, les enseignants continuent de souffrir en silence, partagés entre leur vocation et les difficultés économiques croissantes. Sans une réponse rapide des autorités, le spectre d’une paralysie totale de l’éducation dans cette région semble inévitable.
Les tentatives de Radio Okapi pour obtenir une réaction de la Caritas Maï-Ndombe sur ce sujet sont restées infructueuses. En attendant, les enseignants des territoires d’Oshwe et Kutu espèrent que 2024 marquera le début d’une nouvelle ère, faite de respect et de dignité envers leur profession. La question reste : le gouvernement congolais agira-t-il avant qu’il ne soit trop tard ?
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net