La République démocratique du Congo (RDC), un pays souvent considéré comme l’un des plus riches en ressources naturelles dans le monde, fait face à un dilemme économique. Malgré ses vastes réserves minières et son potentiel agricole exceptionnel, le pays reste étonnamment dépendant des importations alimentaires. Cette situation économique paradoxale était au centre des discussions lors de la 46e édition de la Foire internationale de Kinshasa (FICKIN), où Julien Paluku, ministre congolais du Commerce extérieur, a révélé des faits frappants.
Chaque année, la RDC importe des produits agroalimentaires pour une valeur dépassant les 3 milliards de dollars américains, et ce, alors qu’elle dispose de 80 millions d’hectares de terres arables, dont seulement 10 % sont actuellement exploités. Ce déséquilibre structurel est révélateur des défis auxquels doit faire face l’économie congolaise. Bien que le pays possède des conditions naturelles idéales pour l’agriculture, il peine à produire suffisamment pour nourrir sa population, illustrant une dépendance inquiétante aux importations et une vulnérabilité face à la volatilité des prix internationaux.
Sur le plan commercial, les partenaires principaux de la RDC incluent des géants comme la Chine (5,06 milliards USD), l’Afrique du Sud (1,7 milliard USD) et des nations comme la Zambie et les Émirats Arabes Unis. Cette relation asymétrique entre importations alimentaires massives et exportations de matières premières contraste avec les capacités naturelles de la RDC. En effet, les exportations dominées par le cuivre, le cobalt et le pétrole brut, ont représenté 28,2 milliards USD en 2022, permettant ainsi à la balance commerciale congolaise de rester positive malgré les défis alimentaires.
Julien Paluku appelle, dans ce contexte, à une transformation urgente de l’économie congolaise. Relancer le secteur agricole et diversifier les sources de revenus restent des priorités nationales. Historiquement, l’agriculture a joué un rôle clé dans l’économie du pays, représentant jusqu’à 70 % du PIB dans les années 1960. Les récentes décennies ont vu cette réalité s’effondrer : des cultures pérennes comme le cacao, le café ou l’huile de palme, jadis prospères, ont été mises à l’arrêt dans plusieurs régions.
Ce potentiel perdu, cependant, peut être réactivé grâce à des politiques ciblées et une meilleure gestion des ressources, selon le ministre. Avec des opportunités offertes par la reprise des prix des matières premières sur le marché mondial, la RDC pourrait utiliser ses revenus d’exportation pour investir dans une véritable révolution agricole. Une telle initiative conduirait non seulement à une réduction de la dépendance alimentaire, mais renforcerait également la sécurité alimentaire, un enjeu de première importance pour ce pays de plus de 90 millions d’habitants.
Les ressources naturelles abondantes et une balance commerciale globalement favorable ne seront-elles pas suffisantes pour transformer ce rêve économique en réalité ? Derrière ces chiffres et ces annonces, la RDC se trouve à la croisée des chemins, invitant à un véritable bond en avant économique et agricole.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd