Dans une République démocratique du Congo en pleine effervescence sociale et politique, le rôle des leaders religieux continue de susciter des débats et des réflexions profondes. L’apôtre Roland Dalo, un nom éminent du Centre missionnaire Philadelphie et figure spirituelle importante du président Félix Tshisekedi, vient une fois de plus d’attirer l’attention avec ses déclarations lourdes de sens. Lors d’une prière d’actions de grâce le dernier jour de 2024, il a abordé les défis liés à la gouvernance de la « cité Congo », appelant à un renouvellement total des pratiques de gestion publique.

Dans une allocution où la spiritualité et le politique s’entrelacent, Dalo a exalté l’idée d’une réforme qualitative à travers une image forte : « Petit à petit, Tu es en train de renouveler des gens dans la gestion de notre nation… Nous ne voulons pas seulement des outres neuves, mais des personnes réellement renouvellées. » Un langage à la fois imagé et percutant, qui souligne les attentes d’un changement significatif dans la gouvernance congolaise, tout en impliquant indirectement le pouvoir en place.

L’année 2024 a également été marquée par d’autres prises de parole notables de l’apôtre Dalo. Lors de la cérémonie inaugurale du second mandat de Félix Tshisekedi, devant un public de chefs d’État et de hauts dignitaires, il n’a pas hésité à formuler une prière fervente contre la corruption : « Seigneur, nous sommes fatigués des voleurs… Donne-nous des hommes et des femmes capables de s’oublier, de mettre de côté leurs intérêts personnels pour se consacrer au bonheur du Congolais. » Une déclaration qui a résonné au-delà des murs de la cérémonie, illustrant une spiritualité engagée à haute voix.

Cependant, ces déclarations répétées d’engagement soulèvent des interrogations. La frontière entre le spirituel et le politique s’amenuise dangereusement, exposant le leader religieux aux critiques des partisans comme des détracteurs du régime. Pour certains, les discours de Roland Dalo représentent une tentative de consolider des liens avec les sphères dirigeantes. Pour d’autres, ils traduisent une inquiétude légitime face à une gouvernance qui semble peiner à répondre aux défis sociaux et économiques, notamment la vie chère et les questions de sécurité dans l’Est du pays.

Cette dualité, à la fois partenaire spirituel du pouvoir et observateur critique, caractérise la posture de l’apôtre. Il jongle avec des dynamiques complexes, où ses interventions publiques oscillent entre soutien et dénonciation. Cette position risque toutefois de le mettre en porte-à-faux, tant les attentes des Congolais en termes de résultats tangibles sont élevées.

Alors que la RDC poursuit son périple dans l’inconnu politique, des acteurs comme Roland Dalo incarnent la dimension spirituelle de cette quête collective. Sa prière d’action de grâce s’inscrit dans un moment charnière. Les prochains mois diront si ses appels résonneront comme une bénédiction prophétique ou comme une critique voilée d’un régime en quête de renouveau.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd