Le lac Albert, véritable joyau naturel reliant l’Ituri en RDC et l’Ouganda, est aujourd’hui pris dans une problématique d’infrastructure alarmante. Sur ses 160 km de littoral congolais couvrant les territoires d’Irumu, Djugu et Mahagi, ainsi que la ville de Bunia, le lac ne dispose d’aucun port opérationnel. Cette situation, déplorée par Pierre-Marie Udar Ulama, commissaire lacustre du lac Albert, engendre des naufrages réguliers, menaçant quotidiennement des tonnes de marchandises acheminées entre l’Afrique de l’Est et la République Démocratique du Congo.
Lors d’une intervention sur Radio Okapi le jeudi 2 janvier, M. Ulama n’a pas mâché ses mots. « De l’autre côté en Ouganda, les ports sont modernes et bien structurés. Mais de notre côté, il n’y a rien sur tout le littoral », a-t-il déclaré, interpellant directement le vice-Premier ministre et ministre des Transports et voies de communication à s’investir dans la réhabilitation de cette zone stratégique.
Le problème remonte à une absence totale d’entretien des infrastructures héritées de la colonisation. Les quais construits à Kasenyi et Mahagi-port respectivement en 1942 et 1966 ont été engloutis sous les eaux il y a des années, laissés à l’abandon. Cela a des conséquences désastreuses sur l’économie locale. « Les véhicules transitant depuis le Sud-Soudan, le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda arrivent au bord du lac Albert. Mais dès leur arrivée chez nous, au port de Kasenyi ou Tchomia, ils doivent affronter des conditions désastreuses, propices aux chavirements », poursuit M. Ulama.
Cette défaillance infrastructurelle n’affecte pas seulement la logistique. Elle souligne également combien le manque d’investissement dans des équipements modernes peut exacerber les vulnérabilités humaines et économiques d’une région déjà marquée par des défis de sécurité et de développement. Avec un littoral aussi stratégique, peut-on ignorer encore les appels à l’aide de cette zone pourtant cruciale pour l’intégration régionale et les échanges commerciaux en Afrique de l’Est ?
Si l’Ouganda a montré la voie avec ses ports modernes, il est crucial que la RDC prenne exemple pour développer des ports conformes. Pourquoi ne pas amorcer une renaissance des infrastructures en commençant par les quais historiques comme ceux de Kasenyi ? Ces investissements pourraient marquer le début d’un avenir plus sûr pour le transport maritime sur le lac Albert. La balle semble désormais dans le camp du gouvernement congolais.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net
