À Kikwit et dans le territoire de Gungu, l’attente insoutenable autour du barrage hydroélectrique de Kakobola semble avoir cédé la place à une désillusion généralisée. La promesse d’une électricité permanente en 2024, portée par les autorités nationales et locales, se dilue dans un brouillard d’impayés, d’abandons et de manque de transparence.
En août dernier, les habitants de la région avaient brièvement goûté aux joies de la lumière. Une période d’essais expérimentaux avait permis d’alimenter partiellement la ville, transformant les nuits en un rare moment de célébration collective. Mais cet instant d’euphorie fut de courte durée. Des courts-circuits, associés à une consommation énergétique mal gérée entre électricité hydroélectrique et thermique, ont précipité le retour à l’obscurité.
Pour aggraver la situation, la cellule de gestion des centrales hydroélectriques de Katende et Kakobola avait annoncé que bien que le courant soit techniquement disponible, la consommation insuffisante rendait impossible sa distribution. En octobre, la situation s’est détériorée lorsque l’équipe technique, comprenant une entreprise indienne et des agents locaux, a quitté les lieux. L’entreprise indienne réclame le règlement de factures impayées avant toute reprise des travaux, tandis que les agents locaux dénoncent plus de 20 mois de salaires non versés. Depuis cet abandon, le projet, autrefois ambitieux, semble être tombé dans l’oubli.
La société civile, incarnée par son président Laurent Bwenia, exprime un profond désarroi face à cette paralysie. Ce dernier fustige des promesses non tenues, rappelant les engagements formulés par les autorités, y compris le Chef de l’État lui-même. « Ce rêve d’avoir du courant en permanence reste une chimère. Nous ne voulons plus de promesses pour 2025 ; nous voulons des réalisations concrètes. »
Lors des tests d’août 2024, seulement 16 des 68 cabines de la ville avaient été alimentées. Bien que Kikwit dispose de 6,5 mégawatts de capacité, la demande lors des essais n’avait pas atteint un mégawatt. Du côté d’Idiofa, les avancées sont tout aussi limitées. La région affiche un taux d’exécution de 75 %, avec des structures prêtes, mais sans essais concluants.
Cet état de désespoir reflète une gestion chaotique qui sape la confiance des populations envers les institutions publiques. Alors que la République Démocratique du Congo peine à progresser dans ses projets d’infrastructure, Kikwit devient l’emblème d’un potentiel brisé, illustrant le fossé entre les ambitions annoncées et la dure réalité qui prive des millions de citoyens de l’espoir d’un avenir éclairé.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
