Alors que le monde entier se prépare à accueillir la nouvelle année dans un esprit festif, la ville de Goma, en République démocratique du Congo, est plongée dans une atmosphère contrastée, marquée à la fois par la résilience de ses habitants et les lourdes épreuves qu’ils traversent. La crise économique, exacerbée par la guerre d’agression menée par les rebelles du M23, a durement touché les familles et les communautés, transformant ce qui devrait être une période de joie en un défi quotidien.
Dans le marché de Kituku, situé dans le quartier Kyeshero, les prix des denrées alimentaires et des biens essentiels ont connu une flambée spectaculaire. Une vache, qui coûtait auparavant entre 600 et 700 dollars, se vend désormais à plus de 1 000 dollars. Malgré cette hausse, des habitants déterminés s’organisent en solidarité pour garantir leur festin : des groupes d’associations villageoises d’épargne et de crédit (AVECS) cotisent pour acheter ensemble des vaches à partager. Cette effervescence anime le quartier, mais témoigne également de la pression économique croissante qui pèse sur les ménages.
Le centre commercial de Birere, un point névralgique de Goma, est également le théâtre d’une activité frénétique. Des bouchons se forment tandis que les habitants se ruent pour acheter pommes de terre, huile végétale et viande pour les festivités. Mais cette animation masque une réalité bien plus sombre : l’accès aux produits de première nécessité est de plus en plus compliqué. Les zones d’approvisionnement de Goma, comme Masisi et Rutshuru, restent isolées en raison des affrontements armés. Seules les importations en provenance du Rwanda continuent, elles aussi limitées par le contexte sécuritaire précaire. Cette situation alimente non seulement l’augmentation des prix mais creuse encore davantage les inégalités.
En dépit de ces difficultés, Kahindo Espérance, une mère de famille croisée en train de chercher des provisions, évoque la détermination des Gomatraciens à célébrer cette fin d’année. « Malgré la criante pénurie, les habitants tiennent à fêter. La résilience est inscrite dans l’ADN de notre ville », souligne-t-elle avec une remarquable lucidité. Une résilience qui s’essouffle toutefois pour les plus vulnérables : dans les camps de déplacés, où les conditions de vie sont déplorables, la fête sera absente pour des milliers de familles.
Pour ces déplacés, comme pour les malades hospitalisés et les prisonniers, le Nouvel An est un rappel poignant des défis auxquels ils font face. Privés du minimum nécessaire, ils appellent à une mobilisation accrue, tant de la part des autorités que des bienfaiteurs, afin de retrouver un semblant de dignité. Leur seul souhait pour cette nouvelle année : la fin de la guerre et un retour à une vie normale.
Goma, la ville volcanique et symbole enflammé de la résilience congolaise, navigue entre espoir et désespoir à l’aube de 2024.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd