Alors que la demande de minerais critiques s’intensifie à l’échelle mondiale, la République Démocratique du Congo (RDC) se retrouve au centre des préoccupations économiques et géopolitiques. Les grandes entreprises minières, comme le géant chinois China Molybdenum (CMOC), jouent un rôle crucial dans l’approvisionnement global en cobalt, indispensable pour les batteries de véhicules électriques. Cependant, ce géant minier fait l’objet de critiques et de controverses qui illustrent les défis liés à l’exploitation de ces ressources essentielles.
La chute des prix du cobalt, lithium et nickel a récemment attiré l’attention des décideurs politiques et des entreprises occidentales. Certains responsables américains accusent CMOC de manipulations stratégiques, augmentant intentionnellement la production de cobalt pour faire baisser les prix et ainsi dissuader les nouveaux concurrents. Au cœur de ces enjeux, la RDC, premier producteur mondial de cobalt, fait face à des demandes pressantes du gouvernement pour maximiser la valeur ajoutée locale, notamment à travers une transformation industrielle et énergétique.
Dans une récente interview, Vincent Zhou, porte-parole de CMOC, a évoqué les défis et opportunités économiques associés à l’exploitation du cobalt en RDC. Il a souligné que la hausse de la production de cobalt découle principalement de l’expansion des activités de cuivre en RDC, le cobalt étant un sous-produit naturel. En 2023, la production de cuivre en RDC a bondi de 19 %, consolidant la position du pays parmi les acteurs incontournables du secteur des métaux indispensables à la transition énergétique.
Pourtant, le marché du cobalt connaît des mutations profondes. Avec l’adoption croissante des batteries sans cobalt telles que les batteries au phosphate de fer-lithium (LFP), la part de marché des batteries contenant du cobalt pour les véhicules électriques ne cesse de diminuer. Vincent Zhou a toutefois précisé que le cobalt reste stratégique pour des applications spécifiques, même si son rôle s’efface progressivement.
Du côté de la RDC, CMOC mène des projets d’expansion, surtout dans les provinces riches comme le Katanga. Par ailleurs, l’entreprise investit dans des initiatives renouvelables, comme le projet hydroélectrique Nzilo II et un système hybride solaire-hydraulique dans la province de Lualaba. Objectif ? Assurer une énergie propre et durable pour ses exploitations et les communautés locales.
Ces ambitions ne sont pas sans défis. La nécessité d’améliorer les infrastructures, de développer des compétences techniques et de renforcer la chaîne logistique reste un préalable essentiel pour stimuler la transformation locale des minerais. CMOC, en réponse, investit également dans des projets communautaires et de formation.
Parallèlement, l’engagement de CMOC envers les normes ESG (Environnementales, Sociales et de Gouvernance) se traduit par l’acquisition de la certification Copper Mark en Afrique. Cette reconnaissance souligne les efforts continus pour garantir des pratiques minières responsables et durables, répondant aux attentes des marchés mondiaux et des communautés locales.
En définitive, l’avenir du cobalt en RDC est à la croisée des chemins. Entre la pression du gouvernement pour une industrialisation locale et les mutations du marché mondial des batteries, le rôle de compagnies comme CMOC sera déterminant pour façonner un développement économique durable en RDC. Une chose est claire : les décisions prises aujourd’hui auront des répercussions profondes sur l’économie congolaise et sur l’équilibre global des chaînes d’approvisionnement en métaux critiques.
Article Ecrit par Amissi G
Source: mediacongo.net