Le gouvernement de la République démocratique du Congo s’apprête à apporter des clarifications cruciales à travers un point de presse organisé ce lundi. Cette initiative impliquera les ministères de l’Agriculture, de l’Environnement et du Commerce extérieur pour traiter des impacts du règlement européen « zéro déforestation ». Cette réglementation, qui devait initialement entrer en vigueur le 1er janvier 2025, a été repoussée au 30 décembre 2025. Elle interdit l’importation de produits agricoles issus de zones de déforestation, mettant en péril l’avenir des denrées congolaises comme le cacao et le café sur le marché européen.
La Fédération des entreprises du Congo (FEC) a déjà sonné l’alarme, soulignant le retrait brutal des certifications internationales « Fairtrade » et « Bio » pour ces produits congolais, décision justifiée par les organismes de certification en raison des préoccupations de l’Union européenne autour des questions d’insécurité dans la région. Dans une lettre au ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, la FEC met en exergue un coup dur pour les efforts de relance du secteur, alors même que des partenaires tels que l’UE, USAID, FIDA et la Banque Mondiale soutenaient activement ce retour sur les marchés internationaux.
Ce retrait de certification intervient dans un contexte où le secteur agricole congolais fait face à des difficultés déjà bien connues. Selon Mike Ntambwe, directeur général de l’Agence Nationale de Promotion des Exportations (ANAPEX), 400 tonnes de cacao disparaissent chaque semaine à cause de la contrebande, entraînant une perte annuelle estimée à 60 millions USD. Ntambwe attribue cette situation à des taxes élevées et à un coût de transport prohibitifs, contrastant avec les pratiques en Ouganda où les exportations sont exonérées de taxes, ce qui les rend plus compétitives. Une meilleure gestion pourrait pourtant permettre à la RDC de produire jusqu’à 300 000 tonnes de cacao par an.
Malgré les revers, le secteur caféier a montré des signes de résilience avec une augmentation des exportations en 2023 atteignant 12 422 tonnes, contre 10 729 tonnes en 2022, selon les données de la Banque Centrale du Congo (BCC). Ce chiffre met en lumière un potentiel immense pour les produits agricoles congolais, à condition que les défis liés à la certification et à l’exportation soient levés.
Toutefois, l’impact économique et social de cette exclusion du marché européen ne peut être sous-estimé. Privés de leur label biologique et équitable, ces produits perdront non seulement leur attractivité commerciale mais aussi leur valeur ajoutée. Le point de presse du gouvernement sera donc un test de sa capacité à rassurer et protéger ce secteur stratégique, tout en répondant aux normes environnementales dictées par l’UE. Les réponses attendues pourraient définir l’avenir du commerce agricole congolais à l’échelle internationale.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd