La relance de la centrale hydroélectrique de Katende refait surface, cette fois avec une approche résolument différente. Après des années de tergiversations et de démarches infructueuses auprès de partenaires étrangers tels qu’Exim Bank Inde, le gouvernement de la République Démocratique du Congo annonce un tournant stratégique : financer ce projet sur fonds propres. Une décision qui marque un changement substantiel dans la façon d’aborder les grands projets d’infrastructures dans le pays.
Lors d’un briefing presse tenu à Kananga, chef-lieu du Kasaï-Central, le ministre des Ressources Hydrauliques et Électricité, Teddy Lwamba, a justifié ce choix audacieux. « La construction de la centrale est non seulement un ajout pour répondre aux besoins énergétiques, mais aussi un moteur pour la création de richesse, » a-t-il déclaré. Selon lui, chaque injection substantielle d’énergie dans le réseau a un impact direct sur le Produit Intérieur Brut du pays : 300 mégawatts injectés pourraient générer jusqu’à 8 milliards USD. Katende, avec sa capacité évaluée à 60 mégawatts, pourrait alors apporter 1,2 milliard USD supplémentaires à l’économie congolaise.
Mais pourquoi rejeter l’option de soutirer l’électricité de la ligne Inga-Shaba ? Le ministre explique que cette alternative, bien qu’envisageable, impliquerait des coûts démesurés. La mise en place d’un poste de soutirage à Tshimbulu, à 117 kilomètres de Kananga, nécessiterait un budget de 400 millions USD en raison des nécessaires convertisseurs pour transformer le courant continu en alternatif. « Le coût comparatif et l’avantage comparatif montrent qu’il est plus sage de construire une nouvelle centrale, » a-t-il précisé.
En parallèle, le projet de Katende s’inscrit dans une vision plus vaste d’intégration régionale. Une fois opérationnelle, la centrale pourrait non seulement desservir les populations locales, mais ses surplus profiteront également à d’autres régions grâce à des interconnexions électriques. « Nous allons créer une ligne reliant Mbuji-Mayi, Mwene Ditu et Kolwezi, permettant ainsi d’exporter l’éventuel excédent d’électricité, » a détaillé Teddy Lwamba. Cette infrastructure offrirait également une redondance stratégique pour le Grand Kasaï, susceptible d’assurer la continuité énergétique en cas de panne majeure sur d’autres axes.
Ce projet arrive à un moment où les populations de l’espace Grand Kasaï réclament des solutions concrètes et durables pour leur accès à l’électricité. Le gouvernement mise sur ce méga-projet pour apaiser ces attentes et pour démontrer sa capacité à gérer des fonds domestiques de manière efficace. Cependant, des défis colossaux se dressent encore devant cette ambition, notamment la rigueur dans l’utilisation des fonds et la gestion des délais.
Avec cette approche, le gouvernement espère finaliser la centrale hydroélectrique de Katende, une infrastructure essentielle afin de garantir une stabilité énergétique et de contribuer au développement économique dans cette région. Si cette voie réussit, elle pourrait devenir un modèle pour les autres projets énergétiques en République Démocratique du Congo.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
