Lubero, une région déjà éprouvée par les tensions armées, fait face à une crise sanitaire aiguë menaçant la survie de ses habitants. Depuis plus de six mois, 49 structures de santé, incluant des centres de santé, postes de santé, un hôpital général de référence et un centre hospitalier d’Alimbongo, se trouvent en grave difficulté de fonctionnement. La situation s’est encore dégradée ces dix derniers jours, conséquence directe des combats renouvelés entre les FARDC et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, dans le sud de Lubero.
Le docteur Thadée Masumbuko, médecin chef de zone, tire la sonnette d’alarme : « C’est depuis juin que les structures restent dans l’incapacité de prendre en charge les malades. Il y a rupture en médicaments et autres intrants. Dans certains cas, leurs services gratuits pour les déplacés amplifient la pression financière sur ces structures. »
Ce territoire accueille en effet un grand nombre de déplacés vaincus par les combats incessants. La pression accrue sur les infrastructures médicales tourne au cauchemar pour les soignants et les malades. Pénurie sévère de médicaments, absence d’intrants médicaux et désertion progressive de certains personnels non rémunérés étouffent ces établissements. « La reprise des affrontements ne fait qu’aggraver la situation », explique le docteur Masumbuko. « Même les prestataires, déjà non payés depuis des mois, s’épuisent ou abandonnent, effrayés par l’insécurité. »
En dépit de l’urgence, aucune aide significative n’est arrivée jusqu’ici pour soulager ce système de santé au bord de l’effondrement. « Jusqu’à maintenant, nous n’avons pas de partenaires qui sont venus en aide », déplore le docteur Masumbuko, appelant les autorités compétentes et les humanitaires à se mobiliser sans tarder. L’enjeu dépasse désormais l’accès au soin : il s’agit d’éviter un effondrement sanitaire aux conséquences catastrophiques pour les déplacés vulnérables et autres habitants de cette zone en crise.
Cette situation illustre une facette tragique du conflit armé au Nord-Kivu. Elle attire une fois de plus l’attention sur la précarité des structures sanitaires en République démocratique du Congo, dans un contexte d’instabilité sécuritaire aggravant les difficultés quotidiennes de millions de citoyens. La communauté internationale et les médias congolais doivent porter ce cri d’alarme : pour le Lubero, chaque instant compte.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net