L’Institut Français de Bukavu vient d’achever un vaste programme de formation de six mois dédié à la professionnalisation de 20 incubateurs culturels, enrichissant ainsi le dynamisme créatif de la région du Sud-Kivu. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie visant à transformer l’industrie culturelle locale en un véritable levier économique. Musique, spectacle vivant, humour, régie technique, céramique, mode, slam et artisanat : autant de disciplines couvertes par ces incubateurs, dont les ambitions ne manquent pas de faire écho à celles des grandes industries créatives à travers le monde.
Un des temps forts de cette formation a été sans doute la remise de bourses à neuf projets, soigneusement sélectionnés pour leur viabilité et leur durabilité. Parmi eux, quatre ont bénéficié de bourses de lancement d’un montant de 3 000 dollars chacune, tandis que cinq autres ont reçu des bourses d’accélération totalisant 5 500 dollars. En donnant une place prépondérante aux projets portés par des femmes, l’Institut Français de Bukavu met également en lumière des enjeux de diversité et d’inclusion au sein de l’écosystème artistique.
Clémence Denis, directrice générale de l’Institut, a souligné l’importance de pallier l’absence d’incubateurs spécialement conçus pour le secteur culturel. « Nous avons constaté l’absence d’incubateurs spécifiquement dédiés aux projets culturels et artistiques, alors que ce secteur a un fort potentiel économique. L’idée est de créer des microstructures capables de soutenir les artistes et opérateurs culturels, que ce soit dans la musique, le spectacle vivant ou encore la mode », a-t-elle déclaré, pointant ainsi la vision globale derrière ce projet.
Pour ces nouveaux entrepreneurs culturels, ce programme représente bien plus qu’une simple formation. Bazibuhe Bahindwa, de Kivu Céramique, une organisation valorisant l’argile et les traditions pygmées, a exprimé la fierté et l’espoir suscités par cette reconnaissance : « Nous sommes fiers de ce qui se passe aujourd’hui. C’est le fruit d’un travail acharné, d’une vision et d’un courage. Ce projet va non seulement valoriser l’argile, mais aussi mettre en lumière nos traditions ancestrales. »
Pax Chanwa, un autre lauréat, voit dans cette opportunité une responsabilité et un potentiel de transformation : « Être parmi les boursiers est un honneur. Nous espérons que notre initiative créera des emplois et élèvera notre culture à un niveau supérieur. » Ces témoignages illustrent non seulement l’impact immédiat du programme, mais aussi sa promesse à plus long terme pour le développement culturel de Bukavu et du Sud-Kivu.
Avec cette deuxième cohorte, l’Institut Français de Bukavu renforce son rôle moteur dans la structuration de la scène artistique locale. Ce programme fait suite à une première promotion qui avait permis à 13 incubateurs de soutenir des artistes œuvrant dans des secteurs variés : littérature, cinéma, musique, mode et arts visuels. Une avancée notable qui reflète les efforts continus pour pérenniser et amplifier l’impact de l’art et de la culture au Sud-Kivu. L’enjeu désormais est de voir si ces initiatives pourront inspirer d’autres acteurs culturels à l’échelle nationale, voire internationale.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd