Deux vies fauchées dans la désolation : à Minova, un drame poignant s’est déroulé au cours du week-end. Deux femmes, déplacées de guerre ayant fui les combats intenses entre les FARDC et les rebelles du M23 dans la province du Nord-Kivu, ont tragiquement perdu la vie suite à des bousculades survenues lors de la distribution d’une aide humanitaire. Alors qu’elles attendaient dans une longue file à la paroisse Bobandano, leur quête désespérée pour un nécessaire soulagement a pris une tournure fatale. Ces décès, survenus vendredi pour l’une et dimanche pour l’autre, ont choqué la communauté locale.
Selon un habitant de Minova, « la première victime était originaire de Butumba et la seconde de Kalungu ». Ce désastre reflète un bien triste tableau des difficultés rencontrées par les déplacés de guerre. Dans un contexte où la survie prédomine, la cohue pour accéder aux maigres ressources disponibles devient une lutte acharnée, parfois mortelle. Pour James Musanganya, président du cadre de concertation de la société civile de Minova, cette tragédie est provoquée par une combinaison de facteurs. « C’est sur la ligne de distribution d’aide humanitaire que cette bousculade a coûté la vie à nos deux mamans. L’agitation pour passer en priorité revient à leur détresse, comme elles étaient nombreuses, la situation a viré au drame », a-t-il expliqué.
La cité de Minova, dans le territoire de Kalehe, au Sud-Kivu, est devenue un bastion pour des milliers de déplacés de guerre. Originaires du Nord-Kivu, ces derniers fuient les violences persistantes opposant les rebelles du M23 aux forces gouvernementales. Les écoles, les centres de santé et les églises de Minova débordent de ces familles en quête d’un refuge temporaire. Pourtant, la rudesse des conditions d’accueil et la pénurie de ressources accentuent leur précarité. L’accès à l’aide humanitaire, limité à des points bien spécifiques, oblige les déplacés à parcourir des kilomètres pour espérer une distribution.
Ce drame pose une question lourde de sens : face à l’afflux incessant des déplacés internes, la gouvernance et les organismes humanitaires sont-ils suffisamment préparés pour éviter ces tragédies ? L’insécurité alimentaire et le manque d’organisation dans la distribution des aides semblent étayer une crise humanitaire d’une ampleur croissante. Alors que les combats au Nord-Kivu se poursuivent, la situation des déplacés, elle, continue de se dégrader. Les médias locaux, notamment Congoquotidien, rapportent fidèlement ces réalités en espérant attirer l’attention des autorités compétentes et la solidarité internationale sur cette crise ignorée par trop de sphères.
Avec ces événements poignants, Minova reste un aperçu troublant de la crise humanitaire endémique qui sévit dans la République démocratique du Congo. Il est crucial d’amplifier les efforts pour soutenir ces populations accablées par la guerre et par les failles de la machine humanitaire.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd