À mesure que les jours s’écoulent, le climat politique s’échauffe à Masi-Manimba, territoire rural de la province du Kwilu en République Démocratique du Congo. À l’approche des élections législatives nationales et provinciales prévues dans cette région, des désaccords notables émergent entre les formations politiques locales et la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Au centre des tensions : l’accréditation des témoins.
Des partis politiques, notamment Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, dénoncent les exigences jugées irréalistes de la CENI, telles que la fourniture de photos passeport pour les témoins. Master Jean-Jacques Mbu, candidat député provincial sur la liste d’Ensemble pour la République, explique : « Vous êtes sans ignorer que nous sommes en milieu rural où les conditions ne sont pas les mêmes qu’en milieu urbain. Pas de photocopieuse, et pour trouver un photographe, c’est un problème. » La situation met en lumière les défis logistiques du milieu rural et soulève des questions graves sur la transparence et la crédibilité des scrutins.
La société civile locale se joint au cri d’alarme. Placide Mukwa, vice-président du cadre de concertation du Kwilu, sollicite une prorogation de deux jours pour permettre aux partis politiques de compléter leurs listes de témoins. « Nous rappelons que Masi-Manimba est un milieu rural soumis aux difficultés, notamment logistiques et autres. Nous demandons à la CENI d’accorder un délai même de deux jours supplémentaires », insiste-t-il. Cependant, l’instance électorale reste ferme. Un communiqué publié le 7 décembre stipule qu’aucune prolongation ne sera accordée, invoquant des « raisons évidentes ». Parmi les arguments avancés figurent les contraintes de gestion des fichiers d’accréditation, les risques de violation des délais électoraux et la crainte de dysfonctionnements, comme des votes multiples.
Alors que certains partis ont soumis leurs listes partiellement sans les photos exigées, la CENI affirme avoir récemment levé cette condition, mais uniquement quelques jours avant l’expiration du délai initial. Cette décision, bien qu’encourageante, arrive peut-être trop tard pour apaiser les tensions et garantir la pleine participation de toutes les parties. De nombreux acteurs politiques locaux, ainsi que la société civile, estiment que ces élections pourraient ne pas répondre aux critères de transparence et de justice démocratique.
Dans ce contexte, les journalistes, eux, ont reçu leurs accréditations conformément aux normes établies par la CENI. Si la situation reste inchangée, les jours à venir pourraient cristalliser davantage les critiques et sombrer ce processus électoral dans une controverse dont les enjeux dépassent Masi-Manimba. En attendant, tous les regards sont tournés vers la CENI, appelée à jouer le rôle d’arbitre impartial pour rétablir la confiance dans un système électoral déjà fragilisé.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd