Un bras de fer s’installe au sein de l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo, opposant le bureau de l’institution législative à un groupe de députés déterminés. Cette tension prend racine dans le retard pris pour examiner une motion de défiance contre le ministre des Infrastructures et Travaux publics, Alexis Gisaro. Alors que cette motion, signée par 58 députés, a été déposée le 22 novembre dernier, elle reste bloquée, suscitant l’indignation de certains parlementaires.
Le député national Willy Mishiki ne mâche pas ses mots. Dans une correspondance adressée au bureau de l’Assemblée nationale, le parlementaire pointe un non-respect des délais prescrits par la Constitution et le règlement intérieur. « Une violation flagrante », accuse-t-il, au nom de 123 députés soutenant cette initiative. Il menace des sanctions contre le bureau si une plénière n’est pas convoquée rapidement pour débattre de cette motion. Cette requête insistante s’appuie sur des articles précis du règlement intérieur qui fixent un délai de 48 heures maximum pour de telles procédures.
Cependant, cette affaire divise profondément la Chambre basse du Parlement. Tandis que certains députés, majoritairement de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), soutiennent fermement la motion, d’autres se sont retirés. Les élus du Mouvement de libération du Congo (MLC) et de l’Alliance des forces démocratiques du Congo et Alliés (AFDC-A) ont renoncé à leur soutien sous la pression de leurs dirigeants politiques. Une manœuvre stratégique ? Certains dénoncent un acte de faiblesse face à l’emprise des leaders moraux.
Néanmoins, ces désistements ne sont pas anodins. Si le nombre de signatures venait à tomber en dessous des 50 nécessaires, cette motion pourrait être annulée par le bureau de l’Assemblée nationale. Une issue critique qui reléguerait la demande d’examen au rang de tentative avortée.
Cette situation pose une question fondamentale : l’État de droit est-il respecté au sein même des institutions démocratiques de la RDC ? Alors que l’opinion publique suit avec attention cette affaire, c’est l’autorité du Parlement congolais et le respect des règles établies qui semblent aujourd’hui remis en question.
L’actualité politique en RDC est une fois de plus marquée par des tensions internes. Ces luttes de pouvoir risquent non seulement d’éroder la crédibilité des institutions, mais aussi d’affaiblir la confiance des citoyens envers leurs représentants. Entre respect des délais institutionnels, pressions politiques et manœuvres stratégiques, l’Assemblée nationale se doit de clarifier sa position pour éviter un précédent dangereux.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net