La proposition de révision constitutionnelle présentée par le président Félix Tshisekedi semble déchaîner les passions à Kinshasa, révélant des fractures profondes au sein de l’opinion publique. Alors que la capitale congolaise bruisse de discussions animées, les Kinois se montrent partagés entre scepticisme, colère et approbation mesurée face à cette initiative controversée.
Dans la rue, les voix s’élèvent pour dénoncer une priorité mal placée. « Modifier la Constitution, oui ; la changer, non, » clame Hervé Bono, un habitant de Kinshasa, exprimant une méfiance généralisée. Selon lui, les véritables défis auxquels le pays est confronté – comme la crise à l’Est ou les carences en services publics de base – demeurent intouchés par la Constitution actuelle. Il va même jusqu’à prédire que cette réforme pourrait exacerber les tensions politiques et sociales dans un pays déjà en proie à l’instabilité.
D’autres Kinois adoptent une position plus nuancée. Pour Célestin, homme d’affaires, l’article 218 de la Constitution permet des ajustements nécessaires, sans pour autant justifier un changement complet du texte constitutionnel. Cependant, ces avis plus modérés ne suffisent pas à apaiser le climat général de défiance et de scepticisme. « Nous vivons dans un pays sans père ni mère, » s’exclame Kiyanda Kabala, un jeune cireur de chaussures, traduisant le désarroi et la frustration qui règnent parmi les moins favorisés.
Certains, toutefois, défendent la démarche présidentielle, attribuant les critiques à une opposition farouche et souvent perçue comme destructive. Rolly, militant pro-Tshisekedi, assure que cette révision profiterait au peuple congolais, indépendamment des bénéfices qu’elle pourrait rapporter au pouvoir en place. Mais ces arguments peinent à convaincre les sceptiques comme Léon Munga, qui y voit une tentative à peine voilée de renforcer l’influence du chef de l’État en vue des prochaines échéances électorales.
Au-delà des positions et opinions individuelles, cette initiative met en lumière une défiance générale envers la classe politique et la gestion des priorités nationales. Pour Jubril Buluku, le problème réside avant tout dans le timing. « La révision constitutionnelle pourrait être un sujet légitime, mais pas tant que la sécurité nationale est précaire et que la vie sociale des Congolais reste négligée, » argumente-t-il. Dans un contexte de crise multidimensionnelle, la proposition de Félix Tshisekedi semble, pour beaucoup, hors de propos.
Cette réflexion sur la Constitution renforce les divisions dans une capitale déjà marquée par une crise de confiance envers les institutions. La priorité devrait-elle être donnée à une réforme fondamentale, ou à des solutions concrètes aux défis pressants du quotidien des Congolais ? Une chose est sûre, ce débat souligne les fractures et les préoccupations qui agitent la République démocratique du Congo.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd