En ce dimanche 1er décembre, l’atmosphère à Isiro, chef-lieu de la province du Haut-Uele, est empreinte à la fois de recueillement et de ferveur. Le président Félix-Antoine Tshisekedi assiste à une grande célébration eucharistique marquant la fin du pèlerinage national pour le 60ᵉ anniversaire du martyre de sœur Anuarite Nengapeta, figure emblématique de la fidélité et de la résilience.
La veille, la ville d’Isiro avait vibré au rythme d’un meeting animé par Félix Tshisekedi. Cela a été l’occasion pour le chef de l’État de délivrer un message fort appelant à l’unité nationale. « Les rébellions ont causé la mort de notre sœur Anuarite. Aujourd’hui encore, certains Congolais s’allient à des étrangers pour semer le chaos. Vous, qui avez connu la guerre, ne l’acceptez plus jamais », a-t-il exhorté, avant de souligner l’urgence d’une cohésion nationale pour bâtir un Congo prospère.
La figure de sœur Anuarite, martyre de la pureté et modèle d’engagement spirituel, a marqué l’histoire de la RD Congo. Née en 1939 à Wamba, dans une famille aux croyances animistes, elle se convertit au christianisme en 1941, avec sa mère. Dès l’âge de 16 ans, la jeune fille nourrit le désir ardent de se consacrer à Dieu, malgré les réticences familiales. Sa détermination la pousse à rejoindre clandestinement la congrégation diocésaine de la Sainte Famille à Bafwabaka. Elle y prend le nom de sœur Marie-Clémentine après sa profession religieuse.
Sa vie bascule en 1964 avec la rébellion Simba, où elle est capturée aux côtés d’autres religieuses. Son courage face à ses geôliers et son refus de trahir ses vœux conduisent à son martyr. Assassinée de manière brutale à Isiro, elle laisse derrière elle un message de pardon, même envers son bourreau, en prononçant ces paroles bouleversantes : « Je te pardonne parce que tu ne sais pas ce que tu fais. » Béatifiée en 1985 par le pape Jean-Paul II, sœur Anuarite est célébrée comme un modèle de pureté et de fidélité dans la foi chrétienne.
Aujourd’hui, les voix s’élèvent en RD Congo pour réclamer sa canonisation, un processus qui suscite autant d’espoir que d’impatience parmi les fidèles. Lors de sa récente visite en RD Congo, le pape François a été interpellé sur cette question par des jeunes désireux de voir sœur Anuarite et Isidore Bakanja rejoindrent le panthéon des saints. Toutefois, comme l’a rappelé le cardinal Fridolin Ambongo, ce chemin vers la canonisation est complexe et nécessite la reconnaissance de miracles attribués à ces bienheureux.
Alors que le pays célèbre la mémoire de sœur Anuarite en ce jour liturgique, ce moment est aussi une occasion de réflexion sur les valeurs d’unité, de résilience et de foi qui doivent continuer d’inspirer le peuple congolais.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net