En Ituri, environ cent femmes s’élèvent pour réclamer un changement crucial : la restauration de la paix dans une région où l’insécurité persiste. Ces femmes, dont une partie est en situation de grande vulnérabilité, ont lancé leur appel le jeudi 28 novembre à Bunia, dans le cadre des « 16 jours d’activisme contre les violences sexuelles et basées sur le genre ». Une initiative débutée le lundi précédent, qui vise à sensibiliser sur ces problématiques urgentes et récurrentes.
Pour ces femmes, la paix ne représente pas seulement un idéal mais une condition essentielle pour leur survie et leur épanouissement économique. Aujourd’hui engagées dans des activités génératrices de revenus, elles souhaitent étendre ces efforts à condition que la sécurité soit rétablie. Cependant, le contexte reste difficile. L’insécurité dans les territoires environnants, marqués par la présence de groupes armés, limite leur mobilité et les prive d’accéder à des marchés économiques dans des zones à fort potentiel.
Rachel Nako, une apprentie couturière, témoigne de leur quotidien bouleversé : « Les femmes souffrent beaucoup. Certaines sont violées pendant qu’elles se rendent au champ, c’est difficile d’aller même à la périphérie. Que le Gouvernement nous aide à ramener la paix, que les femmes se sentent libres. » Ce cri du cœur reflète l’urgence de redonner à ces femmes une vie digne et un environnement sécuritaire.
Outre les enjeux sécuritaires, ces entrepreneures font face à un autre défi majeur : la pression fiscale. Entre taxes et redevances diverses, elles peinent à maintenir la viabilité de leurs activités. Fanny Aketi, responsable du Centre multidisciplinaire d’appui pour le développement de la femme (CEMADEF), propose des pistes de solutions. Elle insiste sur la nécessité d’un soutien financier et d’améliorations sécuritaires, affirmant : « Pour donner un peu beaucoup plus de pouvoir à la femme, il faut lui donner des moyens de survie. Une femme qui a les moyens, ne peut pas être traumatisée. La majorité des femmes avec qui nous travaillons, ce sont des femmes qui viennent des zones en conflit. »
Depuis sa création, le CEMADEF accompagne plus de 15 000 femmes et jeunes filles à travers l’Ituri, œuvrant pour leur autonomisation économique. En dépit des défis accablants, l’organisation reste un moteur d’espoir dans une région en quête de stabilité. Ce plaidoyer pressant, lancé par ces femmes, interpelle le gouvernement et la communauté internationale à agir de manière concrète. La restauration de la paix demeure un impératif, non seulement pour garantir la sécurité des femmes, mais également pour stimuler l’économie locale et raviver l’espoir d’un avenir meilleur en Ituri.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net