Dans un contexte électoral tendu, le territoire de Masi-Manimba se trouve au centre d’une initiative cruciale pour prévenir l’escalade de la violence et des discours de haine. Emery Kanguma, administrateur du territoire, a récemment mis en place des mesures strictes pour encadrer le rôle des médias locaux, accusés d’avoir contribué à des troubles lors des élections précédentes.
À la suite des troubles qui ont marqué le mois de décembre 2023, où des actes de vandalisme, des fraudes et des violences ont mené à l’annulation des scrutins, une autopsie a révélé le rôle exacerbé des médias locaux dans l’incitation à la haine. Selon la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), ces événements ont provoqué des pertes importantes, notamment plus de 200 dispositifs électroniques de vote disparus.
Pour éviter une réédition de ces crises, M. Kanguma a réuni samedi les responsables des maisons de presse de Masi-Manimba pour sensibiliser les journalistes à leur responsabilité dans cette phase électorale sensible. « Un climat de paix et des élections transparentes ne peuvent se réaliser qu’avec une presse unie et objective », a-t-il déclaré, insistant sur le fait que « la diffusion de messages incitant à la haine ou à la violence entraînerait des sanctions immédiates, incluant l’interpellation des journalistes fautifs et la fermeture de leurs médias ».
Cette ferme position découle des incidents tragiques de décembre dernier, où des médias auraient relayé des appels explicites à la violence, notamment en langue kikongo, incitant la population à des actes graves contre les infrastructures et les individus. Dans une déclaration, l’administrateur du territoire a averti : « Soyons unis et objectifs si nous voulons des élections apaisées et transparentes. »
Ces mesures s’inscrivent dans une logique de prévention, suivant les recommandations du rapport publié par la CENI en février 2024. Ce document, élaboré après une mission exploratoire, met en lumière les conséquences délétères d’une désinformation incontrôlée et d’une utilisation irresponsable des médias.
Masi-Manimba, qui porte encore les cicatrices des émeutes électorales, doit aujourd’hui relever le défi de la réconciliation et d’une normalisation démocratique. La responsabilité des journalistes et des médias émerge comme un facteur clé de cette transition. La RDC ne peut se permettre de revivre ces tragédies dans une période où les enjeux démocratiques et institutionnels sont cruciaux pour l’avenir du pays.
Alors que la République Démocratique du Congo progresse vers des échéances électorales, ces préoccupations sur les discours dans les médias mettent en lumière une problématique plus large : comment garantir une information équilibrée et éviter la radicalisation ? Cette question reste au cœur des réflexions pour instaurer une démocratie saine et durable.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd