En Ituri, l’Office national des produits agricoles du Congo (ONAPAC) tire la sonnette d’alarme face à la vente illégale du café congolais vers les pays frontaliers. Ce commerce illicite, qui concerne près de 80 % de la production locale, constitue une véritable saignée économique pour la province de l’Ituri, déjà frappée par d’autres défis structurels.
La région de l’Ituri possède pourtant un potentiel agricole exceptionnel. Ses trois grands territoires — Mahagi, Djugu et Aru — sont des producteurs dynamiques, notamment du café arabica. Cependant, la majeure partie de cette production prend la direction des pays voisins via des circuits frauduleux, échappant ainsi totalement aux contrôles et aux bénéfices du trésor public. Selon Joel Ular, responsable du bureau d’information commerciale au poste douanier de Mahagi, cette situation est accentuée par l’absence criante d’encadrement pour les agriculteurs locaux.
« Chaque saison, une quantité importante de café est produite, mais malheureusement, les exportations classiques sont devenues rares. C’est la filière illégale qui prospère, tandis que les pays limitrophes engrangent les profits de ce commerce. Les services de l’État sont mis en échec », explique-t-il avec regret. À cela s’ajoute la faiblesse des réseaux d’infrastructure et le manque d’opérateurs économiques respectant les normes d’exportation, des réalités structurelles dénoncées également par Max Kandolo Lusele, directeur provincial de l’ONAPAC en Ituri.
Ce dernier souligne un problème majeur : la porosité des frontières. « Nous ne canalisons qu’à peine 20 % de la production caféière de la province. Ce faible chiffre s’explique non seulement par les failles dans la surveillance des frontières, mais aussi par l’absence d’investissements significatifs pour structurer la filière. L’ONAPAC, en tant que service technique de l’État, a des agronomes qualifiés, mais leur potentiel reste sous-utilisé à cause des défis financiers et organisationnels du secteur», détaille-t-il.
Pour remédier à cette situation, des pistes de solutions sont avancées. Joel Ular plaide notamment pour la réhabilitation des routes de desserte agricole afin de connecter plus efficacement les producteurs aux marchés. Il recommande également un assainissement profond du climat des affaires, une démarche essentielle pour attirer les investisseurs nationaux et internationaux. Ces mesures, bien que fondamentales, nécessitent une volonté politique et un engagement collectif.
Rappelons que la gestion efficiente des ressources agricoles comme le café ne serait pas uniquement bénéfique pour l’économie de l’Ituri, mais également pour l’ensemble de la République Démocratique du Congo. Dans un contexte où l’économie nationale peine à trouver souffle, chaque chance de valorisation des productions locales mérite une attention prioritaire. Voilà donc l’enjeu crucial d’un secteur qui pourrait être un levier pour l’avenir économique de l’Ituri et de la RDC.
Source: radiookapi.net