Le ministre provincial des Finances du Sud-Kivu, Bernard Muhindo, s’est retrouvé ce vendredi devant l’Assemblée provinciale pour répondre à une question orale introduite par le député provincial Balungwe Lebon concernant la gestion des finances publiques. Cette intervention, attendue depuis des mois par la population, s’inscrit dans un contexte de méfiance croissante sur la mobilisation et la gestion des recettes de la province.
Dès le début, la séance a pris un ton houleux. Le député Balungwe Lebon n’a pas mâché ses mots : « Il y a du flou dans la gestion des finances publiques au Sud-Kivu. Nous voulons savoir si les chèques octroyés par le gouverneur aux Entités Territoriales Décentralisées (ETD) en guise de rétrocession ont été décaissés ou non. » Cette déclaration illustre les préoccupations majeures sur la redistribution des recettes dans une province en proie à des défis économiques et sociaux.
Trois heures de débats animés ont permis de soulever plusieurs points clés, notamment la gestion des 1 241 881 710 FC (435 747,95 USD) qui auraient été retenus pour des salaires d’agents fictifs, et les inquiétudes autour de la persistance de la paie manuelle. De même, le rôle controversé de l’entreprise SYCAMORE et les méthodes de digitalisation des services provinciaux ont été largement discutés. Certains députés ont dénoncé une « cacophonie » chronique au niveau des divisions financières, mettant en lumière des engagements que certains qualifient de « présumés illégaux ».
Face à cette avalanche de critiques, Bernard Muhindo a affiché un visage résolu, affirmant : « Nous sommes venus pour travailler. Que l’on nous donne 48 heures, 7 jours ou 1 jour, nous nous mettrons au travail. Toutes les questions posées nécessitent des réponses. Nous devons travailler ensemble pour changer la dynamique et remettre la province sur la voie du développement. »
Les points d’interrogation majeurs incluent également la méthodologie utilisée pour identifier les agents fictifs dans la division provinciale, ainsi que la légalité des suppressions d’emplois pour des agents sous contrat depuis plus d’un an. Le recours annoncé au partenariat public-privé (PPP) pour mobiliser les recettes provinciales suscite également des débats.
Un délai de 48 heures a été accordé au ministre pour répondre aux questions. L’Assemblée provinciale et la population du Sud-Kivu attendent impatiemment des éclaircissements sur les nombreux dossiers épineux soulevés. Ces réponses pourraient non seulement éteindre le feu des critiques mais aussi apporter la transparence tant attendue dans une province traversée par des crises économiques et administratives.
Cette affaire révèle en toile de fond les défis structurels de gouvernance que rencontre la République Démocratique du Congo dans la gestion de ses provinces. Entre lacunes organisationnelles, pressions sociales et attentes économiques, le débat est loin d’être clos.
Source: Actualite.cd