La crise au Nord-Kivu continue de faire sentir ses effets dramatiques sur l’économie locale. Les produits vivriers provenant de l’étranger envahissent les marchés de Goma, laissant peu de place à l’agriculture locale. Cette situation, aggravée par la guerre qui frappe la province, plonge les agriculteurs dans une précarité sans précédent. En raison de l’insécurité, les principaux axes d’approvisionnement de la ville sont coupés, forçant les agriculteurs à délaisser leurs champs pour chercher refuge dans les camps de déplacés autour de Goma. Ainsi, le marché de Kahembe, comme tant d’autres, est inondé de produits importés des pays voisins tels que le Rwanda, la Tanzanie, le Kenya et l’Ouganda.Parmi les denrées vendues au marché, on trouve des oignons, poireaux, poivrons, tomates, ail, céleri et gingembre. Ces aliments, désormais essentiels au quotidien des habitants de Goma, sont posés à même le sol ou soigneusement disposés sur des étals sommaires. Une vendeuse de poivrons, Anne, témoigne : « Beaucoup de produits vivriers proviennent plus du Rwanda et de la Tanzanie que de l’intérieur de notre propre pays. » Cette dépendance accrue aux importations n’est pas sans conséquence pour l’économie congolaise, déjà mise à mal. Une grossiste, spécialisée également dans le commerce des poivrons, s’indigne : « Nous sommes donc perdants ! Les agriculteurs ont fui leurs milieux. Les quelques produits des champs qu’on trouve ici sont très chers. Beaucoup de voies d’écoulement sont fermées. »Avant la guerre, des territoires comme Masisi, Rutshuru et Lubero fournissaient abondamment Goma en produits agricoles locaux. Mais ces régions, désormais sous l’emprise des rebelles, ne jouent plus leur rôle de grenier pour les marchés de la ville. Le peu de marchandises venant de Minova arrive par le lac, mais reste insuffisant pour combler les besoins d’une population de 2 millions d’habitants. Ce chiffre inclut, en outre, les nombreuses populations déplacées de la région.Cette crise alimentaire et économique pose des questions urgentes : comment renforcer la production locale dans ce contexte de guerre ? Quels mécanismes pourront garantir une résilience économique face à ce déséquilibre croissant ? Les défis ne manquent pas. En attendant des jours meilleurs, les habitants de Goma tentent, tant bien que mal, de s’adapter à ce nouvel ordre économique, dominé par les importations étrangères.
Source: radiookapi.net