Un vent de méfiance souffle sur la ville de Bunia, dans la province de l’Ituri, où de nombreux jeunes s’éloignent d’une pratique pourtant bien ancrée, celle de l’épargne collective, communément appelée « ristourne ». Bien que certaines réussites jalonnent son parcours, des cas d’abus de confiance ternissent sérieusement son image.
Nelson Kambale, taximan dans cette ville, n’est pas le seul à exprimer ses doutes. « J’ai déjà perdu 300 dollars américains », confie-t-il, mettant en lumière les risques encourus lorsqu’une trésorière négligente s’occupe des fonds. Dans ce système, des sommes pouvant aller jusqu’à 1000 dollars sont en jeu, chacun des participants déposant une certaine somme régulièrement, qu’il s’agisse de 50 dollars par mois par exemple. Cependant, lorsque quelques membres se désengagent, c’est tout le projet qui fait naufrage.
Pourtant, loin de ces échecs, d’autres voix s’élèvent pour défendre les vertus de la ristourne. Nombreux sont ceux qui, grâce à cette épargne collective, ont concrétisé des projets d’envergure. Entrepreneurs de petits commerces, conducteurs de taxi et vendeurs de crédits téléphoniques voient en ce système une alternative viable aux traditionnelles caisses d’épargne et de crédit. C’est le cas de cette jeune propriétaire d’une maison de téléphonie mobile qui, par la magie de ces ristournes, a pu acquérir un terrain avec l’ambition d’y édifier un bâtiment.
Ce système, fondé sur des relations professionnelles ou familiales, reflète une confiance collective en des temps où la confiance en les institutions financières traditionnelles semble vaciller. La question demeure : la ristourne est-elle un rempart contre la fragilité économique persistante en RDC, ou un terrain miné par des désistements fréquents ? Seule la nouvelle génération de Bunia pourra le dire, en jonglant entre précaution et ambition.
Source: radiookapi.net