Au cœur de l’Ituri, à quelques kilomètres de Bunia, le site de Diango incarne aujourd’hui l’échec d’un projet ambitieux : celui de la réinsertion des anciens combattants. Ces 135 ex-miliciens, parmi lesquels se trouvent trois femmes, tirent la sonnette d’alarme face aux conditions de vie précaires dans lesquelles ils luttent pour survivre. Essentiellement issus de divers groupes armés, dont le tristement célèbre CODECO, les FPIC et Zaïre, ainsi que des Maï-Maï venus d’Opienge, ils éprouvent le sentiment amer d’être oubliés par ceux qui les avaient pourtant encouragés à déposer les armes.
Initialement pris en charge dans le cadre du programme de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion Communautaire et Stabilisation (DDRCS), ces anciens combattants se rangent aujourd’hui dans une vie de débrouille. Sans vivres, sans matériel d’hygiène, et sans médicaments, ils racontent comment l’espoir a lentement laissé place à une réalité consternante. Seules quelques rations ponctuelles leur parviennent, suffisantes pour à peine deux semaines.
Face à cet abandon, ils n’ont d’autre choix que de se tourner vers les villages voisins pour des petits travaux journaliers ou encore d’exploiter les terres environnantes en y cultivant des légumes. Mais la survie ne se limite pas à la quête de nourriture : l’isolement sanitaire vient noircir un tableau déjà bien sombre. Plus de vingt d’entre eux souffrent de pathologies graves, avec des symptômes alarmants comme la diarrhée accompagnée de sang, traduisant un déficit d’hygiène inquiétant sur le site.
Leur cri du cœur est adressé au gouvernement, l’incitant à redonner vie à un programme qui patine depuis deux ans. La promesse de réinsertion dans un tissu social qu’ils ont quitté semble un rêve lointain, que seules des actions concrètes et rapides pourraient préserver de l’utopie.
Alors que la République Démocratique du Congo fait face à de nombreux défis, le sort de ces ex-combattants résonne comme un appel urgent à une réforme structurelle des mécanismes de réintégration. Un engagement gouvernemental fort est attendu pour restaurer l’espoir, non seulement dans les rangs de ces démobilisés, mais dans l’ensemble du processus de paix au Congo.
Source: radiookapi.net