Les scènes tumultueuses sur les parkings de Bunia en Ituri ne sont pas rares, et pour de nombreux passagers, se frayer un chemin jusqu’aux véhicules de transport en commun relève du parcours du combattant. Comme mis en lumière ce vendredi 18 octobre par un reportage de la Radio Okapi, ce chaos témoigne des conséquences inquiétantes d’un système non régulé où la compétition pour les clients vire souvent au drame.
Des receveurs, non identifiés par des gilets comme cela serait l’usage, n’hésitent pas à se disputer les voyageurs jusqu’à en venir aux mains, transformant les parkings en véritables arènes de luttes. Les bousculades, générées par cette concurrence effrénée, sont devenues le quotidien des habitants de Bunia désireux de voyager.
« Cette pratique a beaucoup de conséquences », s’indigne un passager ayant vécu l’expérience. Lui comme d’autres redoute l’accident qui n’est jamais loin : une chute, un bébé en péril ou des bagages réduits en miettes. Mais au-delà de la violence immédiate, c’est une chaîne de calomnies et de pertes d’objets de valeur qui s’ensuit souvent, laissant les usagers amers.
À la source de ce désordre, une explication pointée par les conducteurs eux-mêmes : l’insécurité rampante dans l’Ituri. L’accès restreint à plusieurs axes routiers clés – naguère simples passages vers Liseyi ou Walu à Kunda – enferme aujourd’hui les transporteurs dans un goulot d’étranglement. Seuls demeurent utilisables les routes vers Tchomia et Mambasa, forçant la compétition à son paroxysme.
« Nous demandons à nos autorités d’améliorer la situation sécuritaire dans la province », martèle un conducteur désabusé. Car derrière cette pagaille apparente s’esquisse une réalité plus grave : celle où le climat d’atrocités imposé par les groupes armés pèse sur la tranquillité des civils.
Face à cette situation périlleuse, la voix des habitants s’élève, pressant les responsables des parkings et le maire de Bunia à entreprendre des mesures de régulation. Quel avenir pour les parkings de Bunia ? Alourdis par cette atmosphère de peur, les habitants n’en restent pas moins déterminés à obtenir une amélioration de leurs conditions de voyage.
Ce tumulte pose une question centrale : à quelle réponse politique les autorités locales s’attèleront-elles pour redonner à ces espaces publics leur dimension première de service au citoyen ? La suite dépendra des décisions futures et leur impact sur la stabilité et l’accessibilité de l’Ituri.
Source: radiookapi.net