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Province de Kinshasa : Appels à la retenue après une élection qualifiée de tromperie

Une quinzaine d’ambassades à Kinshasa ont appelé samedi à la « retenue » après les élections en République démocratique du Congo (RDC), qualifiées de « trompeuses » par l’opposition qui prévoit déjà une manifestation alors que les premiers résultats commencent juste à tomber.

« Alors que le décompte des voix se poursuit, nous appelons tous les acteurs […] à continuer à faire preuve de retenue », ont écrit les ambassades de 12 pays européens et celle du Canada dans une déclaration conjointe. Celle des États-Unis a fait de même vendredi soir.

Près de 44 millions d’électeurs, sur environ 100 millions d’habitants de cet immense pays d’Afrique Centrale, ont été appelés à élire leur président, leurs députés nationaux et provinciaux et leurs conseillers municipaux mercredi.

Le chef de l’état sortant, Félix Tshisekedi, brigue un second mandat face à 18 autres candidats, dont plusieurs poids lourds de l’opposition qui ont dénoncé mercredi le « chaos » entourant le vote.

Face à de multiples problèmes logistiques, le vote a été prolongé par la commission électorale (Céni). Officiellement, il a pris fin depuis jeudi soir mais, selon des sources locales, il a continué dans des zones reculées de plusieurs provinces.

Par exemple, dans le territoire de Lubero, au Nord-Kivu (est), des matériels électoraux sont arrivés samedi en hélicoptère dans le village de Mabuo, pour être ensuite transportés à pied vers quatre autres localités (Engobo, Lenda, Bududia, Isange), a informé à l’AFP Macaire Kambau Sivikunula, le chef du secteur Bapere, qui regroupe ces localités.

En raison d’une « dérogation spéciale » de la Céni, « le vote aura lieu demain (dimanche) sur ces cinq sites », a-t-il ajouté.

« Grande tension »
La non-tenue du vote le 20 décembre, « interprétée comme un complot », avait « suscité une grande tension » parmi la population, qui « menaçait de me tuer avec ma famille et les agents de la Céni qui séjournent chez moi », a expliqué M. Kambau.

Parmi les opposants de Félix Tshisekedi figurent Moïse Katumbi, ancien gouverneur de la région minière du Katanga (sud-est), Martin Fayulu, qui revendique la victoire qui lui a été volée lors de l’élection de 2018, et Denis Mukwege, lauréat du Prix Nobel de la Paix pour son action auprès des femmes victimes de viol de guerre.

Dans une lettre rendue publique samedi, cinq candidats d’opposition, dont MM. Fayulu et Mukwege informent le gouverneur de Kinshasa de leur intention d’organiser une marche mercredi prochain. « Nous manifesterons contre les irrégularités constatées lors des opérations de vote », écrivent-ils, qualifiant le vote de « fausse élection ».

Cinq autres candidats d’opposition, dont Moïse Katumbi, appellent à « l’annulation immédiate de ces élections chaotiques entachées de fraudes massives ».

Parmi les missions d’observation, celle de l’Union africaine a estimé que les élections avaient « lieu dans une atmosphère relativement calme avec de grands défis logistiques ».

L’ONG américaine Carter Center a mis en évidence des « irrégularités graves » dans certains bureaux. Samedi, la mission Vue citoyenne a dit avoir constaté dans 21% des bureaux observés par ses équipes que « l’entrée avait été refusée à certains électeurs sans base légale ».

Les autorités et la Céni assurent de leur côté que le vote n’était pas « chaotique ».

« Le défi de la tenue des élections le 20 décembre a été relevé, malgré les difficultés inhérentes à un processus complexe », a insisté le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya.

« Si certains voient un verre à moitié vide, nous voyons un verre aux trois quarts plein », a déclaré vendredi soir Denis Kadima, le président de la Céni, juste avant l’annonce des tout premiers résultats.

La Ceni a commencé par les Congolais de la diaspora, qui ont voté dans cinq pays tests. Compte tenu du nombre d’inscrits, qui représente 0,03% du total, ces résultats ne sont pas significatifs. Mais le score de quelque 80% de voix réalisé par Félix Tshisekedi a été néanmoins célébré dans certaines régions qu’il a favorisées.

La poursuite de la publication des résultats était attendue pour samedi mais elle a été reportée à dimanche.

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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