La recherche d’exemplaires de réussite gouvernementale en République Démocratique du Congo (RDC) s’apparente à chercher une aiguille dans une botte de foin. L’équipe de campagne de Félix Tshisekedi, actuel président et candidat à sa propre succession lors des élections prévues pour le 20 décembre, a tenté de présenter aux observateurs un projet impressionnant près de Lubumbashi, deuxième plus grande ville du Congo. Cependant, après s’être perdue à plusieurs reprises et avoir manqué de s’embourber deux fois, l’équipe n’a finalement trouvé que quelques salles de classe à moitié construites et une clinique inachevée. Malgré ce tableau peu encourageant, les habitants locaux semblaient ravis, témoignant d’une certaine gratitude envers le moindre signe de progrès après des années d’abandon politique.
Le potentiel de la RDC est immense. Le pays dispose d’une population jeune de 100 millions d’habitants et regorge de minéraux essentiels à la transition énergétique verte, produisant 70% du cobalt mondial. Cependant, après des années de colonisation brutale, une indépendance chaotique et une longue dictature, le pays demeure l’un des plus faibles États du monde. De nombreuses villes majeures ne sont pas reliées entre elles par des routes praticables toute l’année. Environ 60% des Congolais vivent avec moins de 2,15$ par jour, seuil international de l’extrême pauvreté. De grands pans du territoire échappent complètement au contrôle de l’état. Les politiciens corrompus, d’autres pays africains et des groupes rebelles pillent sans vergogne ses ressources minérales.
Depuis près de trois décennies, une guerre déchire l’est du pays. La situation s’est récemment détériorée. Le groupe armé M23 progresse vers Goma, plus grande ville orientale du pays. Quelque 450 000 personnes ont été déplacées au cours des six semaines précédant la fin novembre, portant le total à près de 7 millions, un chiffre dépassé uniquement au Soudan. Le pire est peut-être encore à venir. Le M23 est soutenu par le Rwanda voisin, dont l’armée semble également combattre au Congo (le Rwanda dément cette information).
Les élections de ce mois, allant de la présidence aux conseils municipaux, sont à la fois une opportunité et une menace. Elles offrent aux Congolais la possibilité de choisir des dirigeants susceptibles de réduire la pauvreté et de faire progresser la paix. Cependant, le processus électoral connaît d’énormes dysfonctionnements et pourrait être carrément détourné. Aux dernières élections, en 2018, les électeurs semblent avoir été victimes de fraudes. Selon des données officielles divulguées, Martin Fayulu, ancien cadre d’ExxonMobil, aurait remporté 59% des voix, contre 19% pour Félix Tshisekedi. Cependant, après soi-disant un accord secret avec le président sortant, Joseph Kabila, c’est Tshisekedi qui a été déclaré vainqueur.
Parmi les problèmes du processus électoral figure la loi électorale, selon laquelle le candidat qui obtient plus de voix que les autres lors d’un seul tour devient président. Avec 26 candidats sur le bulletin, le gagnant pourrait avoir un mandat populaire faible, voire inexistant en cas de fraude électorale. La guerre à l’est empêchera près de 1,7 million de Congolais de voter. Les candidats de l’opposition ne font aucune confiance au nouveau président de la commission électorale, Denis Kadima.
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