Dès l’aube du dimanche 19 novembre, la place Nyamwisi à Beni, au Nord-Kivu, se pare d’une nouvelle facette. Les emblèmes et affiches politiques décorent l’édifice majeur de la place, marquant le coup d’envoi de la campagne pour l’élection présidentielle et législative à travers le pays. Même si les partisans commencent à propager les messages de leurs candidats, les rues sont encore silencieuses, le tapage n’a pas encore commencé. « C’est un lieu stratégique pour tous. Tous les itinéraires vers Oicha, Kasindi ou Mangina traversent cette place Nyamwisi. C’est pour cette raison que j’ai choisi ce lieu pour faire passer mon message à ceux qui souhaitent nous aider », déclare Kasobe Danny, candidat à la députation provinciale.

Cependant, dans certaines parties du territoire de Beni, en particulier à l’ouest de la route nationale numéro quatre (RN4) et au nord d’Oicha, l’ambiance est plus tendue. Les candidats anticipent une campagne difficile en raison des risques constants d’attaques des combattants ADF, actifs dans cette zone.

« La vie à Beni est déjà complexe, et circuler dans cette région est dangereux à tout moment, tant pour les électeurs que les candidats. Dans ces circonstances où chacun risque sa vie, la campagne ne sera pas un long fleuve tranquille », admet Enock Nyamwisi Batsotsi, candidat à la députation nationale dans cette région, prêt à affronter ce défi.

« Demander une escorte militaire serait une trahison envers notre peuple qui ne bénéficie pas de ce privilège. Les futurs députés doivent partager les souffrances de leurs concitoyens pour être à même de défendre des causes qu’ils connaissent bien », ajout-t-il.

Le territoire de Beni s’apprête à vivre une période électorale compliquée, tandis que de nombreux villages sont régulièrement la cible d’attaques de la part des rebelles ougandais de l’ADF, responsables de milliers de morts civils depuis une décennie. En dépit d’une accalmie passagère dans certains hameaux, la majorité des localités est dévastée, notamment dans la chefferie des Watalinga où une quarantaine de civils ont été tués lors de l’attaque du dernier dimanche. La situation reste alarmante dans les secteurs de Ruwenzori, Mamove, et la chefferie de Bashu..

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