La légitimité du processus électoral en cours à Kinshasa est en train de sombrer dans une vague d’incertitude. Martin Fayulu, figure centrale du processus, a récemment quitté le navire, citant des préoccupations liées à l’inaction de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) face aux problèmes de fraude électorale.
Fayulu et d’autres figures politiques, dont Adolphe Muzito, Delly Sesanga, Matata Ponyo et Moïse Katumbi, affirment avoir épuisé tous les efforts diplomatiques pour convaincre la CENI et son président Denis Kadima de prendre ces problèmes au sérieux. Ils déclarent que leurs préoccupations ont été sans cérémonie brûlées par l’Assemblée plénière de la CENI.
Fayulu accuse la CENI d’avoir détourné sa mission de supervision des élections, l’utilisant comme moyen de faciliter ce qu’il appelle le « vol de la souveraineté du peuple ». Il signale que selon l’article 47, alinéa trois de la loi électorale initiée par la CENI, le vote semi-électronique combine l’utilisation d’un bulletin papier sécurisé et le comptage manuel avec un dispositif électronique. Fayulu dénonce cette disposition comme une porte ouverte à la fraude électorale.
La situation se complique encore davantage avec l’absence d’audit externe du fichier électoral, une mesure que Fayulu et d’autres leaders de l’opposition considèrent comme essentielle pour assurer l’intégrité et l’inclusivité des élections. Ils soutiennent que la CENI résiste à un tel audit car elle sait que le fichier électoral actuel contient des données fictives.
La Commission africaine pour la supervision des élections (CASE) interpelle les partis et regroupements politiques de l’opposition à faire preuve de prudence pour éviter de tomber dans un piège tendu par les détenteurs actuels du pouvoir. Selon la CASE, même le parti présidentiel, qui avait précédemment ignoré les appels à plus de transparence, n’a pas encore officialisé ses candidats pour les élections législatives nationales.
Pour Fayulu, c’est clair: le pays ne peut pas continuer à être victime d’une illusion de démocratie. Il encourage les Congolais à se mobiliser et à utiliser le pouvoir conféré par l’article 64 de la Constitution pour « faire échec à toute forme de dictature ».