Les dirigeants de la RDC s’applaudissent d’une avancée remarquable : en l’espace de six mois, ils ont été en mesure d’exporter 2 tonnes d’or provenant de mines artisanales vers les Émirats arabes unis, pays avec lequel la RDC est en affaires depuis décembre 2022. Cet exploit signe un tournant dans l’histoire de la RDC, qui s’engage à lutter contre le commerce illicite de son or.
C’est une première pour la RDC : avec ces chiffres en main, l’argent généré par l’achat et la vente de l’or artisanal a été injecté dans le système bancaire congolais.
L’emplacement de ces mines ? La province du Sud-Kivu. Selon un rapport des Nations Unies, la région a longtemps été exploitée par les pays voisins, dont le Rwanda. 99% de l’exportation de l’or artisanal s’effectuait de manière illégale. En 2022, seuls 32 kilos d’or artisanal ont été légalement exportés par la RDC.
Joseph Kazibaziba, le directeur général de Primera Gold – la coentreprise en charge de l’exportation de l’or – ne peut contenir sa joie. Les deux tonnes d’or désormais exportées représentent 80 années d’exportations de la province, déclare-t-il. Cependant, comment garantir que ces minéraux ne proviennent pas de mines contrôlées par des groupes armés ?
Joseph Kazibaziba insiste sur le fait que l’entreprise a une connaissance précise de leurs « sources et chaînes d’approvisionnement, mieux cartographiées, traçant tous les sites miniers selon leurs statuts ». Il ajoute que le dépôt de fonds bancaires des acteurs de la chaîne d’approvisionnement, principalement des négociants et des acheteurs agréés, améliore la traçabilité de leurs transactions.
« Idéalement, la RDC devrait raffiner et certifier son or localement. Mais pour atteindre cet objectif, il faut parcourir un long chemin. Encore l’année dernière, l’or congolais ne pouvait pas être vendu sur le marché international. On l’appelait l’or impropre », explique-t-il.
Certaines voix au sein de la société civile craignent que ces mesures ne soient pas suffisantes. L’État congolais ne possède que 45 % du capital social de Primera Gold, l’entreprise née de l’accord entre le Congo et les Émirats. Les 55% restants sont détenus par la Primera Group, une société privée, au nom du gouvernement émirati.