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Au Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC), un million de personnes sont toujours déplacées depuis leur fuite liée aux violences commises par le groupe armé M23 et l’armée rwandaise. Dans l’espoir de reconquérir les territoires perdus, les autorités congolaises ont, en novembre dernier, invité les pays voisins à mettre leurs armées à contribution, soit le Kenya, l’Ouganda, le Burundi et le Soudan du Sud. Mais aussi, selon des experts indépendants des Nations Unies, le Rwanda – qui s’est ensuite désolidarisé de cette alliance -, qui aurait fait alliance avec le M23 et l’armée congolaise.
Depuis décembre, la nouvelle force régionale – baptisée EACRF -, actuellement à la tête de l’opération de reconquête, affiche le retour progressif des zones tenues par la rébellion. A Kibumba, Rumangabo et Bunagana, des officiers de l’EACRF se sont présentés avec enthousiasme aux dirigeants de la rébellion. Cependant, des entretiens possibles avec les riverains auraient prouvé qu’il n’en était rien.
Lors d’un voyage de presse organisé par l’EACRF, des personnes ont pu faire entendre leur voix, sans compromettre leur sécurité. Un commerçant à Bunagana a ainsi déclaré que les M23 sont encore présents et taxent toujours la population. En outre, à l’exception de quelques camions et motos, le trafic routier ne s’étant pas totalement rétabli. En vérité, cette route est encore contrôlée par la rébellion selon des habitants.
Le chef d’état-major de l’EACRF, général kényan Jeff Nyagah, s’est affirmé satisfait de la trêve; cependant le nouveau ministre de la Défense Jean-Pierre Bemba contredit sa déclaration. Selon Bemba, une patrouille confidentielle menée par des soldats burundais le 15 avril a attaqué les militants du M23 et les forces rwandaises dans une zone à l’ouest de Goma.
Le même jour, des assaillants armés se proclamant «combattants patriotes» ont lancé une attaque à Kibumba. Un certain Bertand Bisimwa, dirigeant du M23, a accusé les forces coalisées du gouvernement congolais. Néanmoins, la force régionale affirme avoir «réussi à repousser» un «groupe armé local». La présence active du M23 a été occultée.
Le 12 avril, des forces conjointes de l’EACRF et de l’armée congolaise ont finalement pu reprendre le village de Kishishe, responsable selon l’ONU de atrocities ayant fait 171 morts, sans pour autant totalement illiminer le M23.
Aujourd’hui, le gouvernement congolais interroge le rôle de la force régionale et sollicite une «discussion de vérité» pour réaliser une transition ordonnée qui permettrait l’élimination du M23 et le retour des déplacés.