À quelques mois de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), la « loi Tshiani » – qui stipule que seuls les Congolais de père et de mère peuvent postuler à la magistrature suprême – est revenue sur le devant de la scène. Le projet, agité puis rangé en juillet 2021, a été inscrit à l’ordre du jour par la chambre basse du Parlement, ce qui a entraîné une levée de boucliers.
Vendredi dernier, une manifestation de l’Association des Métis au Congo (ASMECO) a eu lieu devant le siège du Parlement. Selon eux, cette loi est discriminatoire et injuste : elle serait destinée à « nuire à certains Congolais » et empêche ainsi la paix, la concorde et la tranquillité nécessaires au bon fonctionnement du pays.
La CENCO, l’instance suprême des évêques catholiques, a également fait entendre son mécontentement, qualifiant la loi de « dangereuse » et de « menaçante » pour la paix sociale.
Le parti d’opposant Moïse Katumbi, Ensemble pour la République (EPR), a également pris la parole pour condamner cette mesure. Pour Mike Mukubay, député provincial et membre des EPR, cette loi est tout bonnement « inadmissible » et « compromise ».
Difficile de ne pas voir en cette loi une volonté d’exclusion des candidats gênants pour le camp en place. Il est effroyable de constater que, au vu des nombreux défis auxquels est confrontée le pays, les politiciens congolais consacrent leur temps et leur énergie à des questions clivantes, alors que les populations congolaises attendent une amélioration de leur situation et de leurs conditions de vie. La République démocratique du Congo peut-elle s’autoriser à ne pas tirer les leçons des criantes divisions qui ont abouti à la guerre civile en Côte d’Ivoire ?
En payant les coûts politiques de cette loi controversée, à deux mois de l’élection présidentielle, la RDC s’assurerait-elle une véritable relance ?